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Poullette raconte

30 septembre 2012

La foi

Il faut bien qu’il ait quelque chose. Il faut bien qu’il y ait quelque chose pour nous maintenir droit, pour nous maintenir en vie, quelle qu’elle soit. Courageux ceux qui ne croient pas. Courageux face à ce monde incompréhensible, courageux face à l’immensité de la solitude humaine. Courageux, face au vide.

Aujourd’hui dans cette église j’ai compris une chose. Peut-être qu’aujourd’hui il ne s’agit plus de rendre hommage à un Dieu, à proprement parler. Ce que j’ai vu aujourd’hui étaient des gens de toutes sortes, ensembles, réunis pour croire que l’homme n’est pas maître de sa destiné. Ensemble réuni pour faire à face à la peur. La peur d’un jour devoir admettre que le seul fautif de l’histoire de l’homme, l’homme lui même, n’a personne au dessus le lui qui puisse un jour le faire changer. Que le temps de l’homme meilleur ne viendra pas. Car cette idée est insoutenable. Les guerres, les carnages, les exterminations, la haine…la simple haine est en nous, pour toujours à jamais. Les sentiments ne se perdent pas dans les siècles, et l’homme n’apprendra jamais rien de son passé. La haine restera au nombre de nos sentiments. Personne ne pourra nous sauver. Au fond d’eux même, ils le savent très bien, ces gens qui se réunissent dans les églises, et leurs prières, le savent-il aussi, ne sont que de petit pansement sur leur misère. Mais il faut croire, il faut croire qu’il y a quelque chose, ou quelqu’un pour que l’existence nous paraisse un peu moins insupportable, un peu moins vide de sens. Il nous faut quelqu’un pour porter nos espoirs.

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(vierge de l'annonciation, Toscane milieu du XIV, musée des beaux-arts de Lyon)

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15 juin 2012

berlin berlin

Berlin mon amour.

Berlin mon amour, toi, dans l'orage hier, dans les bouchons aujourd'hui je me suis trois fois perdue, j'ai trois fois retrouvé mon chemin. Par cœur je te connais maintenant presque par coeur. Qui aurait cru qu'on puisse aimé une ville comme on aime un amant. C'est la vie oui c'est la vie. J'ai chanté aujourd'hui au volant de ma voiture. Je chanterais. Rien n'est jamais gravé dans la pierre. Mais je chanterais, toujours, te traversant de part en part, comme tu traverses mon coeur d'une flèche toujours aiguisée...Je marche le long des rues. Demaij je pars pour l'Italie. Je vais rendre visite à mon ami à Rome. Une longue route m'attend. J'espère que ma voiture sera assez solide!!!

Du Kottbusser Brücke je contemple un reflet d'un lampadaire, une ligne de points lumineux à la surface de l'eau noire qui se confond avec la nuit. L'été va être long pensè-je. Par endroits le goudron fond et le vent du soir ne rafraîchit pas la ville. Une chaleur épaisse et lourde m'enveloppe entièrement. je reste plusieurs heures à épier le canal qui glisse lentement, « Ankerklause » allume ses lumières, je n'ai pas envie de rentrer pourtant je dois me lever tôt demain. Je suis un long moment la rive droite. Un jour j'habiterais de l'autre côté, dans un de ces beaux immeubles, un jour je traverserais le Kottbusser Brücke et j'oublierais Neukölln.

J'oublierais Neukölln et ces petits malins qui n'ont rien trouvé de mieux à faire que me creuver les deux pneus (handcook!) avant de ma voiture la vielle de mon départ en Italie. Il y des jours où....grrrr...j'adore Berlin!!!

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(Kottbusser Brücke @moi!-tous droits réservé)

14 juin 2012

la nouvelle adresse

Le vent c'est levé et les nuages se sont amassés dans le ciel. Le ciel est pris la teinte de l'encre des cahiers d'écoliers de nos parents. Ce bleu sombre violacé. Helge ne voudra pas revenir à Berlin et m'embrasser à nouveau.

De qui suis-je l'attendue ?

Dans ce magasine il y a avait une liste des 100 choses à faire au moins une fois dans sa vie. J'ai 34 ans et j'ai déjà fait plus de 80 de ces « choses à faire ». Voilà, je n'ai pas participé à une enchère, je n'ai pas acheté de meubles hors de prix, mais j'ai eu plusieurs one-night-stand, il m'est arrivé de ne pas porter de culotte, de tomber amoureuse pour toujours, de démissionner, de changer tout sur un coup de tête. Est ce à dire qu'il ne me reste plus rien ??? Est ce plutôt dire que je vis sans demi-mesure. Je voudrais seulement savoir si c'est bien. Je crois que ma grand-mère était comme moi, et je crois que c'est pour ça que je n'ose pas être ce que je suis...un peu folle ; parce que j'ai toujours entendu dire mon père que ma grand-mère était un peu dérangé. Je crois que ma grand-mère avait compris que j'étais comme elle, et c'est pour ça qu'elle m'aimait bien. Elle avait vu en moi ma différence et ça ne lui faisait pas peur. Seulement voilà, mamie Janine n'était pas la bienvenue à la maison. Seulement voilà, mamie Janine avait certes ses défauts, mais mamie Janine était artiste, elle peignait, dessinait...elle avait besoin d'être. Elle a toujours été décrite comme une espèce de méchante bonne femme. Peut-être l'était elle un peu...mais je crois surtout qu'elle a souffert. Mes grand-mères ont souffert. L'une de n'avoir jamais été écoutée, l'autre d'une fausse couche dont jamais personne n'a entendu parler mais dont je suis plus que sûre. Les  femmes souffrent dans cette famille, de mère en filles.

Aujourd'hui je passe la première nuit dans ma nouvelle chambre, avec mes nouveaux colocataires. Demain je collerais sur ma boîte à lettre la bande magnétique qui portera mon nom. Avoir une adresse, une clé enfin.

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(ma nouvelle chambre!- photo by me!tous droits réservés)

13 juin 2012

les salons

Il y a des salons.

Le roter Salon, le grüner Salon. Il y a le Clärchen's Ballhaus, le Münzsalon, la pension belle étage, le Westin grand Hotel,

 

leurs enseignes lumineuse éclairent les nuits épaisse et longue de Berlin. La nuit tombe à 6 heure, elle m'aspire et pas une de ces lampes d'extérieur ne peut éclairé ma vie.

« le long de ces couloirs,  a travers ces salons, ces galeries dans cette construction d'un autre siècle, cette hôtel immense luxueux, baroque, lugubre »

Je cherche. Je cherche là où je dois me trouver, dans un de ces salons aux couleurs d'un autre siècle aux temps arrêtés, jouant le rôle du passé, d'une grandeur passée, nous rappelant que trop bien les guerres successives, destructrices et le changement toujours plus rapide de nos sociétés. Rapide aléatoire, éphémère. Et toujours dans la nuit.

Ces salon où l'on s'enivre où l'on goute les charmes d'un passé bien révolu. On l'on effleure la bourgeoisie, les fastes. Un rêve s'étend devant nous envahi de la fumée lourde du cigare que l'on ne fumera jamais. Tous comme ces alcools bruns dans les petits verres ne dansent plus pour nous. Que nous reste-t-il que les boiseries noires et la cheminée émaillée. L'énorme cheminée baroque, effrayante, plantée au milieu du salon depuis des décennies. Cette cheminée dont la laideur n'a égale que la fascination qu'elle m'inspire. La torture du temps s'est installée dans les émaux de ses motifs compliqués et la fierté s'y affiche en armoiries sur son manteau. Elle trône, encastrée dans le mur écarlate, dictant de la voix grave d'un souverain, toutes ces règles que nous ne suivons plus. Son âtre mort m'aspire. Je ne pense plus qu'à elle. A notre prochaine rencontre. Quand reverrais-je ce grumeau d'architecture, cette excroissance bourgeoise? A quant reverrais-je, rêverais-je la lumière.

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(Au Clärchen's Ballhaus-photo by me-tous droits réservés)

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